INTRODUCTION

 

 

Il y a vraiment de quoi être découragé d’écrire un nouveau livre sur le Notre Père, tant il en existe déjà. Je me lance pourtant dans cette aventure – il ne peut en être autrement – car ce livre ne se veut pas un commentaire de plus sur cette magnifique prière.

 

Depuis trente ans, une intuition est venue boule- verser ma manière de voir ce don précieux que nous fit Jésus. Comme souvent, l’intuition est fulgurance ! J’ai été conforté dans cette intuition en voyant l’effet produit au cours des retraites que j’ai animées sur ce thème.

 

Cette prière, contrairement à notre habitude, n’est pas simplement une formule à réciter. J’avais eu beau la réciter des milliers de fois depuis l’en- fance, c’est en la parcourant à l’envers, de bas en haut, que je lui ai découvert une ampleur et une profondeur insoupçonnées. Elle est devenue un chemin à parcourir. une véritable ascension qui part de notre situation pécheresse et nous mène vers la réalisation de notre vocation, de cette terre jusqu’au ciel de Dieu. Cette ascension se fait de la crevasse dans laquelle nous sommes tombés à cause de notre péché, jusqu’à l’air libre du Royaume des cieux.

 

Nous sommes souvent des découragés, des exténués de la prière. Le problème ne date ni d’au- jourd’hui ni de nos conditions de vie moderne. Au temps des premiers chrétiens, le problème se posait déjà. Jacques, dans son Épître (4, 3), dit à ses interlocuteurs : « Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal... » La prière que Jésus nous a donnée va nous apprendre à demander bien.

 

Cette prière est d’un grand secours

 

À quoi pouvons-nous comparer cette prière ? Elle est comparable à une échelle de secouriste, jetée par Jésus notre Sauveur, pour nous tirer des « ténèbres et de l’ombre de la mort et nous conduire au chemin de la paix » (Cantique de Zacharie, Luc 1, 79).

 

C’est donc barreau après barreau qu’il va falloir remonter jusqu’à la surface, jusqu’à l’air libre, et parvenir ainsi à la pleine liberté des enfants de Dieu. Véritable chemin de libération, cette remontée est le parcours pédagogique que Dieu met à notre disposition.

 

Pourquoi cette prière ?


L’un des disciples de Jésus lui fait une demande surprenante : «Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean [le Baptiste] l’a appris à ses disciples. » (Luc 11, 2-4). Cette demande lui vient après avoir vu Jésus en prière.

Nous pouvons voir trois raisons à cette demande :

• Les disciples étaient intrigués et pressen- taient qu’il y avait quelque chose de différent dans la manière de prier de Jésus. Mais quoi ?

• Ils devaient ressentir une insatisfaction, un manque dans leur propre manière de prier.

•  Jean Baptiste avait appris à ses disciples à prier. Toi aussi, Seigneur, apprends-nous à prier.

 

Qui nous a donné cette prière ?


Jésus, me direz-vous ! Il est important de bien prendre conscience que ce n’est pas de n’importe

quelle bouche qu’elle a jailli, avec n’importe quels mots, de n’importe quelle personne. Elle vient de celui dont les disciples, interloqués, s’exclament : « Qui est-il donc celui-là, que même le vent et la mer lui obéissent ? » lorsque Jésus dit à la mer : « Silence ! Tais-toi ! » (Marc 4, 35-41).

Qui est-il vraiment, celui qui dit au paralytique : « Je te l’ordonne, lève-toi, prends ton grabat et va-t-en chez toi ! » – et le paralytique se lève, prend son grabat et rentre chez lui (Marc 2, 11) ?

Qui est-il vraiment, celui qui dit à Lazare, mort depuis plusieurs jours : « Lazare, vient dehors ! » – et Lazare sort du tombeau (Jean 11, 43) ?

C’est donc par cette même bouche que sont prononcées les paroles du Notre Père : la bouche du Verbe fait chair, le Verbe de vie. Et « à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Prologue de l’Évangile de Jean 1, 12).

 

Quels conseils nous a-t-il donnés ?


Jésus nous demande d’adopter une attitude différente de celle de la plupart de ses contempo- rains. Il dit : « Dans vos prières ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. N’allez pas faire comme eux ; car votre Père sait ce qu’il vous faut avant que vous le lui demandiez. Vous donc, priez ainsi. » (Matthieu 6, 7-9).

 

• Ne rabâchez pas comme les païens. Ne nous y trompons pas. Les païens ne sont pas des incroyants. Ce sont des personnes qui prient, et prient même beaucoup, mais elles prient de « faux dieux », des idoles. Nous pouvons nous replonger dans l’épisode où Élie est confronté aux prêtres de Baal qui prient leur faux dieu (1 Rois 18, 16-40). Dans le Livre de l’Ecclésiaste (Qohélet), on trouve déjà la recommandation suivante : « Dieu est au ciel et toi sur la terre ; aussi que tes paroles soient peu

nombreuses. » (5, 1).

 

• Votre Père sait ce qu’il vous faut ! C’est une révolution dans la relation à Dieu. Dieu n’est pas un Dieu éloigné, très occupé, distant ; il nous connaît personnellement. Plus loin, Jésus dira que pas un cheveu ne tombe de notre tête sans qu’il le sache (Matthieu 10, 30).

Notre prière est appelée à prendre un tout autre accent que celle des croyants qui n’ont pas accueilli cette révélation. C’est pour cela aussi que cette prière est un chemin à parcourir. Car il s’agit de quitter notre attitude païenne, pour entrer dans une attitude chrétienne. Il s’agit de « renouveler notre intelligence, notre jugement » comme nous y invite saint Paul dans l’Épître aux Romains (12, 2) afin que ce renouvellement nous « transforme et [nous] fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce

qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait ».

 

Le Notre Père n’est pas magique


Or si nous ne laissons pas notre intelligence se renouveler, nous pouvons être chrétiens avec une mentalité de païens à tendance introvertie. Le Notre Père devient alors une prière « magique », incanta- toire, figurant au panthéon des prières, dans les grimoires des magiciens, dans les incantations de l’abbé Julio où, avec le renfort de nombreux signes de croix, on essaie de forcer Dieu et la nature à agir selon notre volonté.

Dans ce cas, la prière s’appuie sur notre volonté propre, sur la crainte, et non sur la foi confiante en notre Père du ciel. Curieux paradoxe que cet alliage de paganisme et de christianisme, mélange aussi désastreux et explosif que celui de la nitro et de la glycérine.

 

Un renversement Capital : le Nous en je.

 

Il n’a échappé à personne que le Notre Père est en « nous » ! Nous ne disons pas dans cette prière « Mon Père ». Or pour que notre nous soit un véritable nous, il faut que nous puissions dire plei- nement : « je ». Il nous faut expérimenter person- nellement ce chemin de salut. C’est ce que nous rappelle dès le début le Catéchisme de l’Église catholique : « Lorsque nous professons notre foi, nous commençons par dire : “Je crois” ou “Nous croyons”. » Il n’est pas possible de dire « nous » si l’on n’a pas dit « je » au préalable.

Savoir que Dieu est venu sauver l’humanité est une vérité vraie. Mais pour que cette vérité ait un sens dans notre vie, il faut que je me sache personnellement sauvé. Pour cela, il faut que je fasse l’expérience du Salut. Cette remontée le long de l’échelle du Notre Père est l’expérimentation personnelle de ce Salut.

Lorsque j’aurai effectué cette démarche, alors mon nous sera un véritable nous, car c’est mon je avec mes frères en Christ qui fait le nous, peuple de Dieu et corps du Christ.

Nous sommes invités à vivre personnellement, ce que le peuple juif a vécu collectivement. Ce qui est magnifiquement résumé dans ce qu’on peut appeler le credo des Hébreux (Deutéronome 6, 20-25) :

" Lorsque ton fils te demandera un jour : Que signi- fient ces préceptes, ces lois et ces ordonnances que l’Éternel, notre Dieu, vous a prescrits ? Tu diras à ton fils : Nous étions esclaves de Pharaon en Égypte, et l’Éternel nous a fait sortir de l’Égypte par sa main puissante. L’Éternel a opéré, sous nos yeux, des miracles et des prodiges, grands et désastreux, contre l’Égypte, contre Pharaon et contre toute sa maison ; et il nous a fait sortir de là, pour nous amener dans le pays qu’il avait juré à nos pères de nous donner. L’Éternel nous a commandé de mettre en pratique toutes ces lois et de craindre l’Éternel, notre Dieu, afin que nous soyons toujours heureux, et qu’il nous conserve la vie, comme il le fait aujourd’hui."


Tout comme le peuple juif était tiré du milieu des peuples en vue de la préparation du salut de tous les peuples, je suis tiré du milieu des hommes pour être témoin, annoncer et transmettre la bonne nouvelle du Salut.

 

Nous sommes appelés aussi, dans le renouvelle- ment de notre intelligence, à déraciner une plante vénéneuse qui diffuse, à notre insu, son poison dans notre âme : le fameux « Je pense donc je suis » de Descartes. Cette affirmation cartésienne est une catastrophe écologique spirituelle majeure. Elle place l’homme comme source de lui-même, ce qui non seulement le met sur une fausse base, mais l’enchaîne et le limite à son propre nombril. Il se vénère comme le dieu qu’il n’est pas et qu’il se croit être.

Le cheminement proposé dans ces pages conduit à remplacer cet adage par : « Je prie donc je suis » !

 

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